Pour la ALYA je ne me tairai pas! Edito de Haim Berkovits

Titre : Pour la ALYA je ne me tairai pas ! Il y a peut-être des gens qui diront que je n’ai aucun droit de laisser ainsi libre cours à mes opinions. Mais comment me taire lorsqu’il s’agit de « Choisir la vie »?
Le 21 ème siècle nous a fait prendre conscience que chacun est libre de faire ce qu’il veut, de choisir sa façon de vivre, c’est vrai. Mais il nous enseigne aussi la liberté d’expression surtout quand elle est faite par devoir, par amour, par compassion.
La polémique fait rage ces temps-ci, le sujet de la Alya touche, blesse, énerve, ..
On demande à certains de se taire, de se calmer, de retirer leurs dires…
Pourtant je n’ai à ce jour vu personne dire un mot sur un rabbin demandant aux juifs de respecter le Chabat ! Faire Chabat peut-être extrêmement difficile lorsque ce sacrifice est demandé à un père de famille pour qui la journée de travail du Samedi est essentielle pour nourrir sa famille.
Je n’ai vu personne non plus faire taire celui qui demandait à un étudiant de ne pas se rendre un jour de Chabat à ses examens au risque de perdre une année d’études !


A-t-on entendu quelqu’un faire taire un Rabbin oeuvrant de tout son être pour empêcher un mariage mixte ? Réalisez-vous le traumatisme d’un homme éperdument amoureux d’une femme dont on lui dit qu’elle est l’amour de sa vie?
A-t-on empêché un père, une mère ou un frère de nous mettre en garde devant tel ou tel danger?
Mais lorsqu’il s’agit de parler d’Alya il faut se taire, se calmer, laisser faire, surtout ne pas froisser …
Pourquoi?
Peut-être que la renaissance de notre nation après 2000 ans d’Exil semble défier le bon sens et contredire la logique des doctrines actuelles? Peut-être avons nous pris l’habitude de ne pas considérer la Alya à sa juste valeur à cause de l’aveuglement d’une certaine orthodoxie minimisant l’importance de la montée du peuple juif sur la terre d’Israël.


Et pourtant Il me faudrait des pages et des pages pour citer les sources de nos textes, de nos Sages parlant de l’importance dans la hala’ha de vivre en Israël. Je n’en citerai aujourd’hui qu’un seul: le Or Hahaim (Rabbi Haim Benattar) « Demeurer sur la terre d’Israël est une des conditions d’accéder à la plénitude, car la résidence sur la Terre est un commandement contenant toute la Torah ».
La Torah, le peuple d’Israël et la terre d’Israël forment un tribalisme inséparable et je défis quiconque de venir me prouver le contraire !
A celui qui me dit ils ne sont pas prêts, c’est difficile, le travail, la fameuse parnassa … Je répondrai: on n’attend pas de gagner plus d’argent pour commencer à faire chabat.
Mais si c’était juste ça « Dayenou » cela nous aurait suffi, comme on dit chez nous. Il y a autre chose: L’engagement.
Parlons d’un slogan devenu mensonger pour celui qui en Exil continue de le dire au moins à deux reprises dans l’année. « L’an prochain à Jérusalem ». Comment éduquer ses enfants sans accomplir ce que l’on dit ! L’an prochain à Jérusalem est plus qu’un slogan, c’est un engagement à tout faire pour revenir sur sa terre. Parlons du jeune marié déclarant sous la Houpa en cassant un verre que s’il oublie Jérusalem, que sa langue s’attache à son palais, sa droite se paralyse, et pourtant très peu respectent cet engagement…


Dayenou? Cela nous aurait suffi ?
Deux mille ans que toute la liturgie juive ne parle que de l’espoir d’un retour à Sion, 2000 ans que nous pleurons à outrance demandant à dieu de nous ramener à Sion, et quand enfin il nous en donne la possibilité nous…..
Dayenou? Cela nous aurait suffi?
Les synagogues se vident en France, la nouvelle génération délaisse la synagogue, la tradition ancestrale au profit d’une volonté de vie plus facile. Aujourd’hui on ridiculise les préceptes sacrés de la Torah pour une doctrine plus libérale basée sur une fausse définition du bien et du mal, laissant libre cours à une façon d’agir de façon plus light, plus moderne. Et dans la modernité il y a le mariage mixte. L’assimilation en France a atteint son taux record, ne doit-on pas préserver nos enfants en leur apportant une vie dans un pays où les risques d’assimilation diminuent énormément?

Dayenou? Cela nous aurait suffi?
Et si on parlait à présent du devoir de choisir la vie ?
Je sais, j’exagère, je dramatise, je vois noir… la mélancolie ashkénaze liée au traumatisme vécu au siècle passé m’empêche de croire que nous vivons au pays des bisounours. Ou peut être qu’au lieu de traumatisme du passé il faut dire expérience du passé. Quelqu’un peut il me signer que cela n’arrivera plus ? Quelqu’un peut il me garantir que c’est terminé, qu’il n’y aura plus jamais d’hommes comme mon grand père, raflés par la police française pour finir gazés à Auschwitz?
« Ce qu’il y a eu il y aura » à dit l’Ecclesiaste, alors de grâce, ne faite pas taire ceux comme moi parmi vos frères qui par amour vous implorent de partir …
Avraham Livni rapporte dans son livre le retour d’Israël, l’histoire du Rabbi Akiva Glasner grand rabbin de Roumanie qui écrivait ainsi :
« En mon âme et conscience, dressant le bilan d’une activité rabbinique de plus de 40 ans, j’éprouve le besoin d’exprimer un solennel Vidouy (une reconnaissance publique de mes fautes). Je reconnais que moi-même, et qu’avec moi un grand nombre de mes collègues Rabbins, nous n’avons pas accompli notre devoir de chefs spirituels et religieux, à la mesure des exigences de la grande époque dont nous étions contemporains, et qui marque un tournant décisif et fatal dans la destinée de notre peuple…. Durant les 20 ans qui ont suivi la fin de la première guerre mondiale, n’avons pas fait l’impossible pour conseiller et réaliser la Alya en terre d’Israël d’une immense partie de nos frères qui à la suite de nos carences, au lieu de sauver leur vie en terre d’Israël et d’y contribuer à l’édification d’un État où leur présence eût été un important facteur d’épanouissement religieux du Foyer national et plus tard de l’État d’Israël, ont été déportés vers les camps d’Auschwitz et de Majdanek pour y être exterminés par millions dans les chambres à gaz ? »


Ne vous voilez pas la face, bien-sûr il est temps de partir, ces dernières années on a séquestré et torturé un homme parce qu’il était juif. On a tué des enfants dans une école, tiré sur des gens dans un supermarché, défenestré une vieille femme à son domicile, pour les mêmes raisons: ils étaient juifs. On crie dans les rues de Paris « sale juif » ou « mort au juif » impunément comme si le fait de rajouter la haine du juif dans une manifestation lui donnait de la légitimité. L’antisémitisme a parfois pris un nouveau visage, celui de l’anti-sionisme mais il est là bien présent nous accusant d’être à l’origine du mal de la société.
Que faut-il de plus pour comprendre, pour réaliser? Tous vos dirigeants communautaires ont déjà mis leurs enfants à l’abri, alors faites de même, envoyez vos enfants, faites vos valises et venez vous aussi.
Attention je n’ai pas dit que cela sera facile, bien au contraire ce sera très difficile, je le sais, car il y a 30 ans j’ai moi aussi pris cette décision et je suis parti. Une publicité de l’agence juive a même tourné à un moment avec la photo d’un champs de ronces et le slogan on ne vous a pas promis un champs de roses. Oui c’est difficile mais essentiel, pour vous, pour vos enfants, pour vos petits enfants…
Que vais-je recevoir ? Quels sont mes droits? Pourquoi Israël ne me donne pas ça et ça et encore ça ….Cette façon de voir et d’envisager les choses il faudra la laisser là-bas. Partez plutôt avec l’esprit de ce que vous allez pouvoir apporter et donner à Israël votre pays en arrivant ici.
Latete et Anechama ve et alev… Donner son âme et son coeur….
Ceux qui sont partis vous construire le pays ne se sont pas demandé ce qu’ils allaient recevoir mais plus ce qu’ils allaient donner.
Venez pas parce que ce sera facile mais parce que c’est vital, mais je vous promets qu’ici en Israël nous les anciens olim, feront tout pour vous aider, des associations ont été créées pour adoucir les ronces et vous aider à vous intégrer, d’autres se créeront encore et encore. Et puis finalement, et à votre plus grand étonnement, vous constaterez qu’en fait, derrières les ronces, les obstacles des débuts, se cachent en réalité, des douceurs et des joies infinies, uniques à cette Terre. Dépêchez-vous de venir les vivre ! Et les partager ensemble. Israel vous tend la main, par amour, ne refusez pas cette main tendue, prenez-la, elle est votre salut….

Haim Berkovits ISRAEL IS FOREVER